La résurrection des dieux du Mont Ishizuchi

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Intervenant : Aurélien Allard (Lille 3/ULB)

Titre : La résurrection des dieux du Mont Ishizuchi

Abstract :

La résurrection des dieux du Mont Ishizuchi Volcan du tertiaire, point culminant de l’Ouest du Japon, source de plus de la moitié des cours d’eau qui fertilisent les terres de Shikoku, Ishizuchi se caractérise par son étage supérieur particulièrement long et escarpé, depuis lequel se dressent trois sommets : le Pic Misen 弥山 qui abrite le sanctuaire supérieur d’Ichizuchi 石鎚神社頂上社 (1974 m), le Pic des Tengu 天狗岳 (1982 m) et le Pic Nansenpô 南尖峰 (1982 m). Au pied du mont sont érigés nombre de vieux temples, de sanctuaires, d’autels et de chapelles, soit autant de traces des soubresauts d’une longue histoire. 
La tradition lui prête des fondateurs extraordinaires de par leur notoriété et leurs pouvoirs : En no gyôja, Kukai et Jakusen disciple de Saichô. A l’instar des autres monts sacrés faisant l’objet d’un culte pluriséculaire et disparate, tel le Mont Kumano auquel Ishizuchi est intrinsèquement lié, la coloration du site d’abord bouddhique est aujourd’hui davantage imprégnée par le culte des dieux (le shintô). Le redoutable avatar shintô-bouddhique Zaô 蔵王権現 a pris ombrage du dieu mythologique Ichizuchi-hiko 石鎚毘古命. Cela étant, le pèlerinage, rendu célèbre et ardu par l’emploi singulier de chaines fixées à même la paroi rocheuse, relève d’une indistincte pratique de l’ascèse par laquelle l’on acquiert des pouvoirs spirituels : le shugendô 修験道.
Legs de la Restauration de Meiji et de la création du shintô dit des sanctuaires 神社神道, les enceintes shintô et bouddhiques sont de nos jours clairement délimitées. Le culte étatique s’est construit à ses débuts à l’encontre du bouddhisme et des cultes populaires. Nombre de temples et de sanctuaires locaux ont alors été démantelés et le culte du Mont Ishizuchi a été interdit. Il faudra attendre la fin de la guerre, pour que le clergé local revivifie la religiosité du site et la pratique du shûgen. Au cours de cette séance, nous nous intéresserons à l’entreprise des desservants du Sanctuaire d’Ishizuchi qui ont su rétablir le pèlerinage ascétique du mont, par la fondation de l’Association du « Véritable enseignement d’Ishizuchi » 石鎚本教.  Cette structure fédère les « confréries de la montagne » お山講 dispersées sur tout le pourtour de la Mer Intérieure, dont les membres sont en quête de purification et de renaissance spirituelle.

Bio :

Après une Licence et un Master de langue et civilisation japonaises à l’Inalco et une Licence d’ethnologie à l’Université de Strasbourg, Aurélien Allard a séjourné cinq ans à l’Université d’Ôsaka en tant que boursier du gouvernement japonais. Il a alors accompli de nombreuses enquêtes de terrain dans le Kansai et le nord de Shikoku ayant pour objet les communautés et lieux de culte locaux.  Sa thèse soutenue en 2016 sous la direction de François Macé à l’Inalco porte sur La requalification et la réorganisation des sanctuaires shintô aux ères Meiji et Taishô (1868-1926). Il enseigne actuellement à l’ULB et à l’Université de Lille la langue et la civilisation japonaises (histoire et anthropologie religieuse).

  • Quand ?

Le mardi 3 mars 2020 de 14h à 16 h

  • Où ?

Salle R42.5.110

Bâiment R42 - 5e étage

Avenue Roosevelt, 42

1050 - Bruxelles